Les murmures de la Nuit | Pv Griffe d'Hermine

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Les murmures de la Nuit
feat. Griffe d'Hermine

“La nuit la plus sombre a toujours une fin lumineuse.”

La nuit tombe lentement sur le camp de la Forêt. Le soleil couchant fait rougeoyer le paysage environnant, donnant l'impression que le monde est en feu. Seule une ombre se découpe sur ce merveilleux spectacle : une ombre fine, immense, se dessinant sur les tanières. En effet, en équilibre sur une branche basse d'un arbre en bordure du camp se dresse un petit chat dont le regard veille. Il est silencieux, tourne ses longues oreilles vers les sources de bruits éventuels, ses pupilles cherchent une proie, quelque chose à ce mettre sous le croc. La plume derrière l'oreille du félin frémit au grès des vents, dansant avec lui une valse lente. Ce tableau dura jusqu'à ce que le soleil fut coucher, et que la lune se mit à briller de sa laiteuse lumière. Alors, les yeux de la lieutenante se posèrent sur une souris. Celle-ci fit alors un bond en avant, plongeant en plein sur la petite créature se gavant de graines jonchant le sol. Un craquement se fit entendre quand les griffes touchèrent leur proie, et la guerrière fit quelques galipettes avant de se retrouver assise au milieu d'un nid de fougère. Un peu sonnée après ce genre d'acrobatie, Chant de la Chouette réussit quand à même à déposer sa proie sur le tas de gibier, que la saison des feuilles nouvelles avait bien regrossi. Cependant, enivrée par cette courte chasse, la jeune femelle n'était plus fatiguée, et voulait chasser, mais pas en forêt. C'était certes un bon endroit, mais les arbres gênent pour une vision de loin, et les proies sont donc plus facile à chasser qu'en terrain découvert. Hors la petite lieutenante aime le défi et se dirigea donc vers les terres neutres.
La traversée de la forêt lui prit une bonne heure, alternant entre chouette et chat. Cependant, une fois arrivée, elle garda sa forme de chouette, et se hissa sur un arbre mort. Au début, elle attendait les yeux rivés sur le monde qui l'entourait. Son terrain de chasse n'est autre qu'un amas de rochers où poussent quelques broussailles, ce qui lui a probablement valu son nom. La nuit est calme, quelques nuages passent, mais aucun ne vient déranger les rayons de la lune de se faufilaient là où bon leur semblent, donnant au paysage un aspect surnaturel : chaque élément du décor possède un reflet gris argenté avec quelques notes de bleu foncé. Les étoiles pétillent, observent, attentives dans l'éternité qui est la leur. Mais le temps d'attente finit par être trop long, la chouette effraie en profita donc pour remettre ses plumes à leur place, puisque ses péripéties avaient fait en sorte que le vent défasse complètement le fragile équilibre du placement de plume. Concentrée dans on opération, elle entend cependant un bruit, et tourne brusquement la tête, ses yeux jaunes vifs cherchant la cause de ce tintamarre. Elle aperçoit alors de ses yeux perçant une grosse musaraigne grignotant on ne sait trop quoi, surement un fruit sec ou une céréale tombée dans le coin. Lentement, la chouette plonge et fond silencieusement vers sa proie, mais à l'instant où les griffes du rapace aurait dû se refermer sur sa proie et lui briser la nuque, l'oiseau tomba nez à nez avec un chat beaucoup plus gros qu'elle, et pousse un cri d'étonnement. En deux trois coups d'ailes paniqués, elle reprend de l'altitude, faisant en sorte que l'autre ne tente pas de l'attaquer. Elle pousse quelques cris furieux, mais se rappelle alors qu'elle est une chouette, et que les chats et les chouettes n'ont pas vraiment le même langage. Cependant, elle ne peut pas prendre le risque de se poser afin de se retransformer si son interlocuteur ne comprend pas qu'elle n'est pas uniquement qu'un gros oiseau qui lui fournirait à elle et à son clan un bon repas.

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Dans les hautes herbes, on pourrait ne rien voir, à part un lapin rentrant dans son terrier. Mais il y avait bien quelqu'un: Une hermine qui somnolait en attendant l'arrivée de l'ombre titanesque, qui devrait bientôt recouvrir toute la prairie. Son pelage était mi-été, mi-hivers, car c'est dans la période des feuilles nouvelles qu'elle change de couleur de poil. À ce moment, il était presque entièrement brun, mais on voyait encore des taches gris-blanc sur son dos et sa tête.
C'est bien de Griffe d'Hermine que l'on parle, mais que manigançait-elle ? Elle pourrait se lever, aller chasser les quelques rats ou lapins qui trainaient encore dans la soirée, mais elle restait immobile. Pourquoi attendre ce moment, quand on est diurne ? Parce qu'il y avait bien longtemps qu'elle n'avait pas admiré le magnifique paysage nocturne de ses territoires. Peut-être qu'elle pourra tomber sur une proie, qui sait ? Tant qu'elle ne rencontrait pas une genette, une rivale qui pourrait lui piquer sa nourriture, tout allait bien.

La nuit tombait, la silhouette ronde et blanche de la lune éclairait ce qui devrait être entièrement noir. Alors devant-elle se déroula un magnifique tableau, la plaine était d'une couleur sombre, mais illuminée par pleins de lucioles, qui virevoltaient au dessus des herbes, cherchants à séduisent leurs belles. Certaines n'étaient pas encore adultes, ce qui fit qu'il y avait aussi des vers luisants accrochés en haut des herbes. Bien que Griffe d'Hermine n'appréciait pas particulièrement tous les insectes, les regarder lui plaisait beaucoup. Il y avait évidement des exceptions: Quoi de mieux que de déguster un papillon ou une sauterelle ?

La jeune chatte, ici sous forme d'Hermine, se leva puis parcourut les landes éclairées de ses territoires. Il y avait un autre endroit qu'elle aimait beaucoup, les Rochers aux broussailles.
Elle se transforma en chat pour marcher plus efficacement sans trop s'épuiser puis commença sa route. Trottinant régulièrement et ne faisant qu'une seule pose, elle arriva assez rapidement à destination. Le tas de rocher se présenta devant elle, les broussailles qui, partant du sol, se frayaient un chemin entre les pierres pour avoir de l'air et de la lumière semblaient bien touffues. Griffe d'Hermine n'hésita pas, Le bout de sa plume se mit à briller, et aussitôt ou presque, après une lumière blanche, elle était de nouveau hermine. Sous cette forme, elle s'enfonça dans ce qui lui paraissait vu sa taille une forêt de buisson. Essayant d'être la plus discrète possible, elle enjamba les branches lentement. Cet animal était réputé pour être un redoutable chasseur, la femelle profitait de cet avantage pour chercher de la nourriture. Après des heures de marche, il était normal d'avoir faim.

Elle ne tomba pas sur ce qu'elle espérait, il n'y avait pas une seule souris là-dedans, mais par contre, elle se retrouva nez à nez avec un criquet. Bah, pour une hermine, c'est mangeable; c'est une bonne chose pour les chats ayant un totem, ils peuvent manger des choses sous la forme d'un autre animal qu'ils auraient bien du mal à manger si ils étaient des chats. L'insecte bondit, l'hermine aussi. D'un grand saut, elle se retrouva en dehors de la brousse, ne quittant pas sa proie des yeux. La sauterelle aurait bien put essayer de s'échapper, l'hermine fut la plus rapide. D'une morsure fatale, elle le tua.

Elle emmena son dîner un peu plus loin puis s'accroupit pour le manger. Mais à peine s'attaqua-t-elle à une deuxième bouchée bien croustillante qu'elle sentit que quelque chose planait au dessus d'elle. Cette chose savait bien ce qu'elle faisait, car la jeune hermine eut à peine le temps de réagir. Elle tourna brusquement sa tête et vit des serres prêtes à la condamner. Elle poussa un cri strident et reprit instinctivement sa forme de chat. Elle aurait bien voulu donner un coup de griffe à ce volatile, qui s'avérait être une chouette, mais il reprit de la hauteur sans qu'elle n'en ait eu le temps. La chouette chuinta bruyamment en direction du chat, celle-ci comprit seulement qu'elle était frustrée.

Elle n'avait pas l'air de vouloir redescendre du ciel, elle avait bien raison. Pourquoi une chouette s'attaquait à une proie aussi grosse ? Elle ne l'avait tout de même pas pris pour un rongeur... Ces petits animaux ne sont autres que le plat de l'hermine, quelle injure ! Elle leva la tête, agacée de voir l'oiseau faire du surplace au lieu de s'en aller, puis miaula bien fort, même si elle pensait qu'il ne comprendrait pas:

— Eh bien, qu'attends-tu là-haut ? Je ne vais te manger ni te blesser, tu es bien trop grand pour être une proie, et puis, je ne sais pas ce que je vais perdre si j'essaies de t'attaquer, tu es sûrement fort dans ce genre de situation.

Elle se dirigea vers un rocher puis grimpa dessus, laissant la place à l'oiseau d'atterrir, enfin, si il avait compris ce qu'elle avait dit. Pour bien montrer qu'elle en fera rien, elle s'assit sur un rocher et resta immobile. Si bien, que dans la nuit noire, on l'eut pris pour un rocher en forme de chat.

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« - Eh bien, qu'attends-tu là-haut ? Je ne vais te manger ni te blesser, tu es bien trop grand pour être une proie, et puis, je ne sais pas ce que je vais perdre si j'essaies de t'attaquer, tu es sûrement fort dans ce genre de situation.»

Et je suis censée le savoir comment, moi ? grommela intérieurement la chouette. Alors que l'autre chat s'avançait vers un rocher, l'animal totem l'observa. C'était une femelle un peu plus grande qu'elle sous sa forme de chat. Son pelage mi-long aux tons gris-blanc jouait avec le vent. Sa plume était - ironiquement - une plume de chouette, blanche elle aussi, ce qui fait déduire à la chouette effraie que cette plume devait appartenir à une chouette lapone, un type de rapace bien plus gros qu'elle. Elle put également entrevoir que la femelle avait une joli paire d'yeux olive. En clair, les deux femelles étaient le strict opposé l'une de l'autre. Cependant, Chant de la Chouette du revenir à la réalité quand la guerrière adverse vint s'asseoir sur le rocher qu'elle avait gravi, la regardant, comme si elle s'attendait à ce qu'elle se pose. Elle resta de longues secondes en l'air, avant de descendre vivement, et sans laissait le temps à l'autre de changer d'avis, une vive lumière blanche apparut. A peine quelques secondes plus tard, la chouette était redevenue un chat. Elle faisait face à celle qui avait presque failli lui servir de repas, et renifla l'air. Il s'agissait d'une guerrière de la Tribu des Vents. Chant de la Chouette n'avait jamais vraiment côtoyer ses membres, dans la vie de tous les jours comme durant les assemblées. C'est donc neutre qu'elle aborda la guerrière adverse.

« - Hm, navrée que tu es failli me servir de repas. Il est de plus en plus dur, surtout de nuit, de discerner les totems des réelles proies. De plus, il est assez rare de croiser des chats claniques ici durant cette saison. »

Sur ces mots, elle s'assit, observant son interlocutrice.

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La chouette descendit en quelques mouvements et secondes jusqu'en bas. Griffe d'Hermine ne bougea pas. Et elle fit bien, car à peine le rapace avait touché le sol qu'une lumière éblouit la guerrière au totem de l'hermine, qui ferma rapidement les yeux. Pas de doutes, cette lumière était bien celle de la transformation chat-totem, c'était un chat ! Elle rouvrit ses yeux, et vit une femelle, plus précisément une guerrière... de la Tribu de la Forêt, d'après son odeur de feuilles humides.
Elle était plutôt belle, enfin, du point de vue de Griffe d'Hermine. Elle avait un pelage beige rayé de brun magnifique, ses yeux, difficiles à regarder distinctement à cause de l'obscurité, étaient de la même couleur que l'ambre. Elle commença à parler, n'étant ni énervée, ni hargneuse... rien de tout cela:

— Hm, navrée que tu es failli me servir de repas. Il est de plus en plus dur, surtout de nuit, de discerner les totems des réelles proies. De plus, il est assez rare de croiser des chats claniques ici durant cette saison.

La femelle grise écarquilla les yeux, l'autre chatte avait vraiment l'air compréhensive, ou alors ce n'était qu'une impression. D'ailleurs elle ne repartit pas, elle ne l'ignora pas, elle s'assit. Et ce simple mouvement, Griffe d'hermine le prit comme un message: "Je ne vais pas t'attaquer, je ne vais pas t'ignorer, mais écouter ce que tu as à me dire". Voilà quelqu'un de respectueux. Avec toutes ces fameuses choses qui lui faisaient plaisir, elle ne répondit qu'une dizaine de secondes plus tard:

— Oh... Je suis désolée moi aussi, j'aurais put m'attaquer à toi sur le coup. Et puis, j'adore les chouettes ! Enfin, celles qui ne me prennent pas pour une proie... ironisa-t-elle.

Elle descendit de son rocher pour ne pas que le chat beige croyait qu'elle se sentait supérieure. Puis, après avoir effectué son petit saut, elle s'approcha de la guerrière de la Tribu de la Forêt puis s'assit elle aussi. Il y avait beaucoup de mètres d'écart entre les deux félins car Griffe d'Hermine prenait toujours des précautions avec les inconnus.

Même si la guerrière adverse qui se tenait devant elle n'avait pas l'air de particulièrement l'apprécier, la femelle de la Tribu des Vents, elle, la trouvait presque aimable. Sans pour autant l'affectionner comme une connaissance positive ou une amie, elle trouvait juste... qu'elle n'était pas odieuse, ni très sympathique, mais elle n'était pas odieuse, c'était sûr.

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La réaction de son interlocutrice la prit un peu de court : elle la regardait, les yeux écarquillés, s'attendant surement à ce que la petite guerrière lui bondisse dessus. Mais non, Chant de la Chouette ne se battait qu'en cas de nécessitées, autrement dit si on l'attaquait. Elle attendit une réaction de l'autre, qui ne tarda à lui venir.

« - Oh... Je suis désolée moi aussi, j'aurais put m'attaquer à toi sur le coup. Et puis, j'adore les chouettes ! Enfin, celles qui ne me prennent pas pour une proie...»

La dernière phrase fit sourire Chant de la Chouette tandis que la guerrière blanche descendait du rocher, et vint se poster devant la lieutenant du Clan de la Forêt. Chant de la Chouette ne laissait rien paraître, elle attendait de voir comment réagir avec la chatte blanche. Elle se contentait juste d'être aimable, ce qui en soit un minimum. Elle n'avait pas d'avis particulier sur l'autre, cependant, elle nota qu'à sa carrure, elle non plus n'était pas faites pour le combat, mais comme elle, plus pour l'agilité et la course, ce qui la rassura légèrement. Il était rare de voir des chats avec les mêmes avantages qu'elles, ils sont assez rares dans la Tribu de la Forêt, composé plutôt de chats robustes et forts, quoi que plus fins que les chats de la Tribu de la Pénombre. Qu'importe. Même si cela pouvait paraître indiscret, elle voulait en savoir plus sur la guerrière qui lui faisait face, par simple curiosité, et pour avoir une référence dans la Tribu des Vents.

« - Je suis désolée si cela peut paraître assez indiscret, mais puis-je te demander ton nom ? Je ne connais pas grand monde dans la Tribu des Vents, malheureusement. »

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La guerrière beige ne bougea pas, s'en était certain: elle ne voulait pas l'attaquer.

— Je suis désolée si cela peut paraître assez indiscret, mais puis-je te demander ton nom ? Je ne connais pas grand monde dans la Tribu des Vents, malheureusement.

De l'indiscretion, ce n'est pas ce qu'il y a de plus gênant, on en trouves partout, dans tous les clans. Si c'est simplement pour demander son nom, autant lui répondre, ce serait une insulte de dire non.
Ou alors tout simplement parce qu'on a pas envie de dévoiler son identité à tout le monde; mais Griffe d'Hermine - malgré sa sagesse qu'elle possède peu - était tout de même assez jeune, et ne pouvait pas opter pour la deuxième option étant donné qu'elle ne pouvait pas savoir qu'il n'était pas normal de révéler son nom à tous les individus ennemis. Il y avait beaucoup de points sur lesquels elle réfléchissait et n'était donc pas naïve, sauf sur celui-là.

Elle lui dit donc, sans faire un mouvement:

— Je me nomme Griffe d'Hermine. Et toi ?

Ce félin qu'elle avait devant-elle, avait un beau totem et une belle apparence, elle s'imagina que son nom était beau lui-aussi.
La femelle aux yeux olives plissa les yeux. Il lui semblait qu'elle l'avait déjà vu à une assemblée, sur le grand promontoire, en plus. Elle se creusa la mémoire avant de se souvenir qui elle était: c'était la lieutenante de la Tribu de la Forêt, quel honneur d'avoir une discussion avec elle ! Le visage de Griffe d'Hermine s'illumina. Puis elle se rappela qu'elle l'avait presque griffé il y a quelques minutes, espérons qu'elle ne soit pas rancunière...

La jeune chatte sourit, son nom ne lui revenait pas à la mémoire, mais elle ne l'avait vu qu'une seule fois, ça se comprenait. Elle aussi aimerais être lieutenante, mais pas chef. Juste lieutenante. Elle savait que c'était une dure responsabilité et qu'avec ce grade, on a une réputation à tenir, mais elle aimait le défi. Elle sortit de ses pensées, c'est vrai qu'elle était censée attendre la réponse de l'autre...

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« - Je me nomme Griffe d'Hermine. Et toi ?»

Joli nom, Chant de la Chouette le trouvait bien choisi. Alors qu'elle allait répondre, la seconde plissa les yeux, l'observant. La lieutenante se sentit légèrement mal à l'aise, mais d'un coup, la guerrière adverse se redressa, et lui sourit. Puis se perdit dans ses pensées. Chant de la Chouette la laissa faire, attendant que son interlocutrice sorte de ses pensées, car elle même avait horreur qu'on la sorte de celles-ci. Cela dura quelques secondes, durant lesquelles Chant de la Chouette se remit à la contemplation des étoiles, qui vaciller dans le ciel gris bleuté. Il devait être au alentour de minuit, puis-ce que la Lune était à son apogée. Après cette observation, Griffe d'Hermine se remit à regarder la femelle auburn, qui avait repausé son regard sur elle et qui lui miaula :

« - Je m'appelle Chant de la Chouette. »

[HRP : désolée, c'est un peu court x'3]

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La lieutenante miaula :

— Je m'appelle Chant de la Chouette.

Chant de la Chouette ! Ce nom lui allait parfaitement. Il était harmonieux et caractérisait tout aussi bien la voix de la femelle que son chuintement de chouette. La chatte burmilla la questionna, ne sachant désormais si il ne valait mieux pas la vouvoyer, mais elle ne changea rien:

— Et donc, si ça ne te dérange pas de me le dire, tout se passe bien pour toi...?

Tout juste eut-elle le temps de terminer sa phrase qu'un craquement se fit bruyamment entendre devant elle, et derrière la lieutenante. Griffe d'hermine s'approchait, ne pouvant voir ce que c'était de là ou elle était. Elle aperçut premièrement une ombre s'agiter puis distingua des rayures noires et blanches sur la tête de l'intrus. Mais quand elle vit le responsable, qu'elle ne fut sa surprise de découvrir un blaireau prêt à ne faire qu'une bouchée de la sauterelle abandonnée par l'hermine quelques temps plus tôt.
Elle s'écria, ne pouvant se retenir:

— Mais c'est mon repas !

Et sur cette phrase, elle hérissa sa fourrure et regarda le pic-assiette d'un oeil mauvais. Celui-ci la regarda avec de grands yeux noirs avant d'émettre de petits cris, visiblement de mépris. La guerrière de la Tribu des Vents était patiente, et raisonnée, mais elle ne laisserais au grand jamais, même quand il s'agit d'un simple criquet, personne lui voler sa nourriture.

La pensée que peut-être l'autre devait se poser des questions et la trouver stupide passa dans sa tête un moment, avant de s'évanouir. Elle ne voulait surtout pas de combat, mais ne voulait pas non plus que cet animal – qui ne semblait pas être un chat vu qu'il n'avait pas de plume et que Griffe d'Hermine ne ressentait pas de magie se dégager de lui – ait le dessus sur elle. Il vaut d'ailleurs mieux avoir ce genre d'état d'esprit de supériorité quand on vit comme elle, dans un clan toujours prêt à se battre.

Sauf qu'elle ne savait pas quoi faire pour l'éloigner d'ici. "Il ne faut pas de combat", elle devait garder cette raison en mémoire. Elle se tourna vers Chant de la Chouette, puis lui murmura:

— Je... Je suis désolée si mon comportement t'a paru étrange, mais je ne supporterais pas si ce blaireau volerait ma nourriture, n'aurais-tu pas une idée pour le faire partir ?

Elle cessa de parler. Quelle naïveté ! Pourquoi est-ce que la femelle auburn l'aiderait ? Avec son emportement pour un simple blaireau, elle devait sûrement se dire qu'elle ne méritait pas d'aide. Et puis, une sauterelle...
La combattante grise ne détournait pas son regard méprisant du blaireau, mais elle savait bien qu'elle avait un peu honte au fond d'elle. Elle se disait également qu'elle aurait dut expliquer à la lieutenante de la Tribu de la Forêt pourquoi est-ce qu'elle défendait si bien cet insecte mort.

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« - Et donc, si ça ne te dérange pas de me le dire, tout se passe bien pour toi...?»

Son interlocutrice eut à peine le temps de finir sa phrase qu'un bruit vint l'interrompre. La source de celui-ci venait de derrière la lieutenante, qui tourna la tête et gonfla son pelage, par pur réflexe. Elle entrevit du coin de l'œil Griffe d'Hermine s'approchait, afin de repérer la créature à la cause de cette interruption. Chant de la Chouette plissa les yeux, et distingua une silhouette sombre striée de blanc. Un blaireau ! comprit la petite femelle auburn, dont les yeux s'écarquillèrent légèrement. Elle ne croisait pas souvent ce genre de bestioles, et franchement elle s'en passerait bien. Mais l'autre s'avança un peu plus, et lui cria

« - Mais c'est mon repas !»

D'abord, la lieutenant ne compris pas, pencha légèrement la tête sur le coté. Puis elle se rappela de l'animal Totem de la guerrière de la Tribu des Vents était une hermine, et que le criquet que tenait le blaireau devait être à elle. Elle devait avouer que même sous la forme de chouette, cette insecte ne lui inspirer guère confiance, elle préférait de loin les mulots et les souris. Mais le problème n'était pas les goûts de luxe son animal Totem, mais bien de Griffe d'Hermine regardant d'un mauvais œil la créature nocturne. Elle semblait jauger si une attaque était envisageable ou non, le deuxième cas semblant néanmoins dominer. Tant mieux, miaula intérieurement Chant de la Chouette, je ne me sens pas d'affronter un blaireau ce soir. Puis l'autre se tourna, et lui murmura :

« - Je... Je suis désolée si mon comportement t'a paru étrange, mais je ne supporterais pas si ce blaireau volerait ma nourriture, n'aurais-tu pas une idée pour le faire partir ?»

Un moyen de faire partir un blaireau sans combat et sans y laisser sa peau ... Soudain, Chant de la Chouette eut une idée, mais ce n'était cependant pas sans danger. Elle pouvait fondre sur l'animal, et tenter de reprendre le criquet, ou encore lui foncer dessus et lançait un cri perçant. Oui, elle savait un peu près quoi faire.

« - Ne bouge surtout pas. »

Sur ces mots, la femelle bondit sur les rochers. Ceux ci lui offrait une bonne cachette pour se transformer, sans que le blaireau ne remarque la lueur qui était propre à une métamorphose. Puis, sans un bruit, la chouette prit de l'altitude. Pitié, faites que ça marche ... Pourquoi Plume de Ratel n'est jamais là quand il faut ? Puis, elle fondit sur le blaireau. Celui-ci ne la remarqua qu'à l'instant où elle apparut dans son champ de vision, autrement dit à quelques centimètres de son visage. Les deux créatures étant presque aussi grosse l'une que l'autre, le blaireau eut un mouvement de recul, dû à l'effet de surprise de cette attaque, qui permit à la chouette de saisir la proie et de pousser un cri strident. Alors que l'autre animal allait la frapper, afin de récupérer son repas de minuit, l'oiseau se renvola, perdant certes quelques plumes au passage. Le blaireau la poursuivit sur quelques mètres, avant de la perdre dans la nuit.
La chouette se reposa sur un arbre non loin de Griffe d'Hermine, et se retransforma en chat, avant de bondir devant la guerrière adverse, posant la sauterelle devant elle. Elle marqua un moment d'arrêt, où elle regarda l'endroit où se trouvait auparavant le blaireau. Il était maintenant bien plus loin, cherchant toujours la chouette effraie qui lui avait voler son repas. Puis elle reposa son regard sur Griffe d'Hermine.

« - Voilà. Et ne t'inquiète pas, il est tout à fait normal pour quelqu'un de vouloir préserver la nourriture qu'il a chassé, que ce soit sous forme de totem ou de chat. »

Puis, elle lécha le bas de son dos, où il manquait quelques touffes de poils que le blaireau lui avait enlevé. Le sang perlé à peine, mais le goût de son propre sang dans la bouche n'est jamais très agréable. Elle se rappela cependant de la première question de la jeune guerrière.

« - Pour répondre à ta première question, tout va bien pour moi. Et pour toi ? »

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La lieutenante miaula :

— Ne bouge surtout pas.

Ces quatre mots restèrent un moment dans la tête de Griffe d'Hermine. Alors, elle ne l'ignorait pas ? Elle voulait bien l'aider ? Trêves de réjouissances et de pensées inutiles. Elle regarda la lieutenante, qui avait déjà plongé dans l'obscurité derrière les rochers. La guerrière grise ne vit rien, mais elle se doutait qu'elle avait dû se transformer sinon quoi elle ne se serait pas cachée. À partir de ce moment elle ne vit plus rien, l'autre avait dû s'envoler sans qu'elle ne la voit, elle se tourna vivement vers le voleur. À force de scruter le ciel, elle perçut une ombre, puis un mouvement.

Elle était là. Griffe d'hermine prit soin de ne pas avoir de réaction en la voyant descendre en piquet sur le blaireau. Ils se battirent férocement, mais Chant de la Chouette attrapa le criquet et ne le lâcha pas. Elle l'avait, maintenant, voyons comment réagit l'animal. Et bien il essaya de la griffer mais échoua. Ou alors il la frôla, car la femelle des Vents vit nettement des tâches blanches tomber lentement sur le sol. Tenace, le mammifère poursuivit son agresseur qui ne trouva pas, mais il partit tout de même.

La chouette atterrit sur une branche d'un grand arbre avant de reprendre son apparence normale. Tout juste fut-elle transformée qu'elle sauta pour arriver juste devant l'autre chatte. Elle posa la sauterelle à ses pieds, celle-ci lui sourit pour la remercier. Sanas plus attendre, elle lui annonça:

— Voilà. Et ne t'inquiète pas, il est tout à fait normal pour quelqu'un de vouloir préserver la nourriture qu'il a chassé, que ce soit sous forme de totem ou de chat.

Sur ce, elle lapa les quelques gouttes de sang qui tâchaient son pelage afin de le nettoyer puis ajouta:

—Pour répondre à ta première question, tout va bien pour moi. Et pour toi ?

Au moins, elle ne l'avait pas oubliée cette question-là. Les coins des lèvres de Griffe d'Hermine se dressèrent. Elle mit du temps à se rendre compte qu'elle ronronnait très légèrement. Elle s'arrêta nettement, si certes elle était ravie que la femelle auburn lui ait rendu son repas et se préoccupe un peu d'elle, elle ne voulait pas qu'elle remarque qu'elle réagissait comme elle le ferait avec ses amies. Elle se hâta donc de répondre, ne cachant néanmoins pas sa joie:

— Je vais bien, je chasse toujours autant, mon activité favorite !

Quand elle eut fini sa phrase, elle s'avança, prit la sauterelle dans sa mâchoire, puis revint sur ses pas avant de la poser soigneusement entre ses pattes. Elle regarda la chatte de la Tribu de la Forêt par la suite, se disant que c'était beaucoup de se blesser pour récupérer le dîner d'un animal totem de quelqu'un d'autre. Surtout d'une guerrière rivale. La femelle aux yeux olives la remercia en disant calmement:

— Merci. C'est très gentil de la part d'une rivale de reprendre ma proie pour me la redonner. J'espère que ce blaireau ne t'a pas trop blessé ?

Elle essaya de distinguer le sang pour savoir si c'était grave ou non, mais ne vit rien, il faisait trop obscur. Cela ne devrait pas être trop grave, de toutes façons...

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« - Et donc, si ça ne te dérange pas de me le dire, tout se passe bien pour toi...?»

Quand Chant de la Chouette revint avec le butin de la guerrière adverse, elle aperçut celle-ci sourire, en entendit un faible ronronnement. La lieutenante sourit à son tour, heureuse d'avoir pût aider Griffe d'Hermine. Cependant, quand celle-ci se rendit compte qu'elle ronronnait, l'infime son cessa net. Cela fit intérieurement rire la jeune lieutenante. Elle ne veut pas que je crois que cela l'affecte, même si c'est le cas. Les pensées de Chant de la Chouette furent coupées par la réponse de la guerrière de la Tribu des Vent.

« - Je vais bien, je chasse toujours autant, mon activité favorite !»

A ses mots, elle s'avança et prit entre ses crocs la minuscule proie, qu'elle posa entre ses pattes. La guerrière de la Tribu de la Forêt se demanda vraiment comment une hermine pouvait apprécier ce genre de repas. La chouette trouvait le goût de ceux-ci soit trop neutre, soit trop âcres. Quand à leur exosquelette, qui apportait un croquant qui donnait envie de vomir au rapace, cela facilité encore moins la consommation. Mais bon, chacun ses pêchés mignons. En relevant la tête, elle remarqua que son interlocutrice la fixait, regardant l'endroit où manquait quelques touffes de poils. Quand au sang, il avait sécher et avait cicatrisé la plaie.

« - Merci. C'est très gentil de la part d'une rivale de reprendre ma proie pour me la redonner. J'espère que ce blaireau ne t'a pas trop blessé ?
- Je t'en prie. Et les blessures ne sont que superficielles. D'ici une semaine ou deux, je pense que cela ne se verra même plus. »

La petite lieutenante lui sourit. Elle était heureuse de cette rencontre, qui lui avait un peu changé les idées. Et puis, avoir des connaissances positives est toujours une bonne chose pour le moral. Elle regarda le ciel, donc les étoiles descendaient de plus en plus vers l'horizon. Quand au ciel, il était devenu bleu sombre au lieu de noir pur. L'aube allait tomber d'ici quatre ou cinq heures.

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Elle lui répondit aussitôt :

— Je t'en prie. Et les blessures ne sont que superficielles. D'ici une semaine ou deux, je pense que cela ne se verra même plus.

La femelle burmilla se sentit soulagée, et laissa échapper un petit soupir. Elle vit que l'autre leva la tête, scrutant le ciel. Il y avait de quoi, celui-ci, devenu plus clair depuis tout à l'heure, montrait très distinctement que l'aube approchait à petit pas. Chant de la Chouette était lieutenante, elle avait une tribu à gérer, elle voulait peut-être rentrer avant le lever du jour pour ne pas être fatiguée et organiser les patrouilles.
C'est vrai que ça paraissait logique. La chatte de la Tribu des Vents ne voulait pas elle-même rater la patrouille du jour suivant parce qu'elle aurait trop sommeil. Elle lui demanda alors:

— Si tu veux retourner dans ton camp, tu peux. Ça ne me dérangerait pas, après tout, je commence à fatiguer.

Elle bailla, puis se lécha la patte avant de se la passer sur la tête pour se débarbouiller. Si elle lui avait posé cette question, c'était surtout parce qu'elle manquait de s'endormir d'un moment à l'autre, ce serait particulièrement impoli envers la lieutenante, et humiliant pour elle. Elle pourrait tenir sans problèmes, si l'autre décidait de rester, ça ne la dérangerait pas. Mais elle craignait de commencer à fermer les yeux progressivement sans s'en rendre compte. C'est donc avec les yeux engourdis, mais qu'elle ouvrait en grand, qu'elle attendait la réponse de la chatte auburn.

By Ebly