Where are you, dead warrior ?

La pluie avait légèrement repris, il bruinait à présent. Dans les bois détrempés, un groupe de chats sauvages avançait lentement, sautant par dessus les souches mortes et les ruisseaux crées par la pluie torrentielle de cette nuit. Il était cinq, deux apprentis et trois guerriers. A leur tête, un petit chat crème, dont le pelage était taché de boue. Il reniflait l'air, observait le moindre coin. Les frontières avaient déjà été inspectées, mais aucun signe d'Écaille du Salamandre. L'agacement se lisait sur son visage, et elle marmonnait des mots incompréhensibles, en rapport avec la disparition du guerrier. Il leur faisait perdre du temps, à se cacher de cette façon. Prévenir, il ne connaissait pas ? Un des deux guerriers, une guerrière gris bleu assez âgée et expérimentée, vint se placer aux cotés de la jeune lieutenante, la dominant de facilement d'une tête, commença à discuter avec elle, pour lui changer les idées. Les deux femelles commençaient à débattre d'où pouvait être passé le guerrier, tandis que le jeune guerrier qui les accompagnaient papotaient avec les deux apprentis. Ils étaient tout deux bientôt en âge de devenir guerriers, et l'impatience se lisaient dans leurs yeux. Ils bondissaient comme des lapins, joyeux, derrière les deux meneuses de la patrouille, broyant presque du noir. Puis, une odeur tira la plus âgée de ses pensées, et elle se stoppa net. Chant de la Chouette se retourna, l'air interrogative, observant l'autre bouger sa truffe vers une crevasse moussue.

« - Que se passe t'il, Martin Pêcheur ?
- Il y a une odeur bizarre de ce coté. Je vais jeter un œil.
- Soit prudente, et essaye de ne pas te perdre. »

Elle avait dit cette phrase avec un sourire de coin, que l'autre guerrière lui rendit. Puis elle s'avança sur la mousse humide. Mais sur les derniers centimètres, elle dérapa et glissa, disparaissant parmi les buissons d'épines. La lieutenante, qui l'observait du coin de l'œil, accouru au bord de la crevasse, paniquée.

« - Martin Pêcheur ?! Tu vas bien ?!
- Ou... oui ... dit aux apprentis de rentrer, Truffe de Mulot... Vite ... Et .. et demande à Ombre du Puma ... de venir très rapidement ...»

Truffe de Mulot allait répliquer, mais Chant de la Chouette l'intima d'obéir, lui disant qu'elle allait voir ce qui se passait. Lentement, elle s'approcha de la guerrière empêtrée dans les ronces. Elle ne voyait que les touffes de poils gris foncés qu'elle avait laissé sur son passage, au bord du buisson.

« - Ch.. Chant de la Chouette, c'est toi ?
- Oui, que ce passe t'il, tu -
- Il est mort, Chant de la Chouette, pleura la guerrière, qui avait du mal à reprendre une respiration correcte, Écaille de Salamandre est mort »

Les yeux de Chant de la Chouette s'écarquillèrent

« - Par le Clan des Étoiles ... »

« - Et bien, que se passe-t-il ?»

La voix de la chamane avait fait sursauter Chant de la Chouette. Elle n'avait pas fait attention aux bruits environnants, perdue dans ses pensées. En effet, Écaille de Salamandre aurait eu du mal à prévenir de sa future mort, il était à moitié pardonné pour avoir disparu de cette manière. M'enfin, sortir de nuit n'était pas non plus conseillé en ce moment. Bref, la lieutenante tourna la tête vers la nouvelle venue, tandis que Martin Pêcheur tentait d'articuler une phrase, mais en vain. La seule chose qui sortait de sa bouche était son souffle roque, horrifiée par ce qu'elle voyait, et elle ne pouvait bouger pour se défaire de cette vision. La jeune lieutenante comprit donc que c'était à elle d'expliquer la situation. Elle se tourna vers Ombre du Puma, les yeux sombres.

« - Martin Pêcheur a senti une odeur étrange à cet endroit, mais elle a glissé sur la mousse humide, et s'est retrouvée empêtrée dans le buisson de ronce. Sauf que dans ce buisson, il y a apparemment le cadavre d'Écaille de Salamandre.»

Sa voix était grave. Ses oreilles s'étaient instinctivement mises en arrière, prenant conscience des conséquences. Sa tribu avait perdu un guerrier, et ne tarderai pas à en perdre un autre si personne ne sortait Martin Pêcheur de là. Lentement, elle s'approcha du buisson, et aperçu la silhouette de la guerrière bleu grise.

« - Je vais les chercher. Ses yeux se tournèrent vers Ombre du Puma Merci d'être venue si rapidement. »

A ses mots, elle disparut dans le buisson, laissant la chamane seule avec ses pensées.

Elle n'ajouta rien. Elle sentait le regard de la chamane la suivre, jusqu'à ce qu'elle ne disparaisse entièrement dans le buisson épineux. Elle sentait son long pelage crème s'accrochait un peu partout, mais elle serra les dents et continua d'avancer. Elle savait que ce n'était pas important comparé à la scène qui se passait à quelques centimètres d'elle. Alors qu'elle forçait le passage, elle aperçut finalement la guerrière, dont les yeux vert clair étaient embués de larme. Sentant qu'elle était proche du but, la lieutenante força une dernière fois, et faillit tomber en avant, n'étant plus retenu par les poils qui venait de s'arracher. Chant de la Chouette tourna brièvement la tête, et put tristement constater qu'elle avait laissé un bon paquet de poil sur les épines. Mais qu'importe, elle vint se placer aux cotés de Martin Pêcheur, tentant de la dépêtrer de ce piège boisé, en essayant de ne pas se blesser elle même, afin de limiter les interventions d'Ombre du Puma. La chamane aurait déjà beaucoup à faire, avec une blessée et un mort, elle n'avait pas besoin d'une lieutenante amochée en plus. Cependant, Chant de la Chouette prit soin de ne pas regarder vers là où se trouver le cadavre d'Écaille de Salamandre, pour ne pas se déconcentrer et perdre ses moyens. Puis, quand elle eut finit de libérer Martin Pêcheur, en la réconfortant comme elle pouvait, elle comprit que la guerrière ne pourrait pas se déplacer seule. Elle tremblait trop, et les cicatrices partout sur ses pattes avant devaient la faire terriblement souffrir. Alors, elle attrapa la peau du cou de son aînée, et la tira comme elle put. Bien que Martin Pêcheur était beaucoup plus imposante qu'elle, elle n'était pas non plus un poids mort, et aider la lieutenante comme elle pouvait, en alternant les phases de marche sur deux trois pas, puis tirée. Au bout d'une demi heure environ, la silhouette de la lieutenante put être distinguée de l'extérieur, et cinq minutes plus tard les deux guerrières étaient sorties. Chant de la Chouette s'assit, haletante. Il lui manquait par endroit des touffes de poils, mais rien de bien alarmant comparé aux blessures de Martin Pêcheur, dont le sang perlait encore assez abondamment, malgré que les plaies étaient ouvertes depuis plus d'une heure.

« - Je suis désolée d'avoir été si longue, mais Martin Pêcheur était complètement bloquée par les ronces. Quand à Écaille de Salamandre, je ne sais pas encore dans quel état est son corps. Je vais voir si je peux le ramener, mais ne promets rien.»

Elle disparut dans les buissons, priant pour ne pas perdre autant de poils qu'au premier passage.

Lentement, la lieutenante retourna sur ses pas. La lumière filtrait entre les branches, de même que les fines gouttes de pluie, qui perlait sur le pelage a nouveau arraché de la jeune femelle. Ses yeux ambrés scrutait l'environnement. Lors de son premier trajet, elle devait se presser, pour sauver Martin Pêcheur, mais là, elle était sûre qu'Écaille de Salamandre était mort.

Un meurtrier revient toujours sur le lieu du crime.

Elle finit par déboucher à l'endroit où se trouver Martin Pêcheur, il y a peu. De touffes de poil gris jonchaient les épines de cet endroit, et offrait une vue imprenable sur le corps sans vie d'un guerrier gris foncé, dont les yeux bleu, vides de la moindre étincelle de vie, regardait un point fixe. La gorge de celui ci était presque sectionné. Qui pourrait se douter d'une si frêle lieutenante pourrait être la cause de ces mortelles blessures. D'un pas lent, les yeux braqués sur sa victime, elle s'avança vers Écaille de Salamandre. Son regard était ampli de dégoût, et d'une haine sans limite. Je te hais, et en plus je vais devoir te traînais jusqu'au camp. Durant de longues minutes, elle se demanda comment elle allait pouvoir le traîner sans le décapiter. La lumière laiteuse donnait à la scène un aspect sombre, mystérieux. Mais Chant de la Chouette vint briser ce tableau, attrapant le défunt guerrier par le haut du dos, afin que sa tête ne traîne pas au sol. Mais contrairement à Martin Pêcheur, lui était vraiment un poids mort, et la jeune lieutenante peina à atteindre la sortie. Mais elle était déterminée à y arriver, et si possible avec un cadavre en un seul morceau. Le sang lui rempli à nouveau la bouche, réveillant ses instincts vengeurs, qu'elle s'empressa de cacher sous un regard sombre, presque peiné pour sa victime. A quelques pas de la sortie, elle intima du regard à Ombre du Puma que ce qui allait suivre n'allait pas être beau à voir. Puis elle reprit sa prise sur le haut du dos du guerrier, et le sortit, couvrant le sol mousseux d'une étrange teinte rouge foncé.

Elle aperçut du coin de l'œil la chamane couvrir les yeux de la guerrière blessée, et lui murmurait quelque chose, mais cela n'était pas le plus important. Elle finirait par le voir, de toute façon, mais le plus tard sera le mieux. Chant de la Chouette n'avait pas besoin que son amie perde conscience ou fasse une crise face au cadavre qu'elle venait de ramener. Quand à la chamane, elle jeta un rapide coup d'œil à Écaille de Salamandre, et la lieutenante vit une lueur de doute et de curiosité dans ses yeux. En effet, cette mort avait l'air tout sauf naturel, un buisson de ronce ne pouvait pas couper la gorge d'un chat en deux, du moins pas de cette manière. La femelle crème regardait la chamane, tout en restant éloignée. Ni la tristesse ni la peur ne se lisait dans les yeux. Juste un regard sombre, impassible. Puis, finalement, la chamane se redressa.

« - Rentrons au Camp. Nous n'avons plus rien à faire ici.»

Truffe de Mulot, qui attendait tout en regardant la scène avec horreur, finit par les aider à remonter, et à traîner le corps sans vie d'Écaille de Salamandre, tandis qu'Ombre du Puma soutenait Martin Pêcheur, tout en lui soufflant des paroles réconfortantes de temps à autres. Chant de la Chouette reprit sa prise sur le haut du dos du défunt guerrier, tandis que Truffe de Mulot avait attrapé son arrière train. Ensemble, ils le soulevaient, essayant de ne pas endommager le corps plus que ça.
Le retour jusqu'au camp allait être long.